Antilles : pourquoi l'ouragan Béryl est-il considéré comme exceptionnel ? D'autres menaces bientôt à suivre ?
Du jamais vu fin juin-début juillet dans l'Atlantique Nord : l'ouragan Béryl, de catégorie 5, a durement frappé certaines îles des Antilles et la Jamaïque. Comment expliquer une telle puissance ? Faut-il s'inquiéter pour la suite de la saison ?
L'ouragan Béryl, toujours classé pour le moment en catégorie 4 sur une échelle de 5, vient de ravager la Jamaïque avec des vents soufflant à 215 km/h, après avoir semé la désolation sur le Sud-Est des Caraïbes (notamment la Grenade, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Carriacou) et le Venezuela. Pourquoi peut-on parler d'ouragan "exceptionnel" et "sans précédent" ?
Béryl a battu tous les records !
L'ouragan Béryl est le premier de la saison (du 1er juin au 30 novembre) dans l'Atlantique Nord : d'abord tempête tropicale vendredi, il est rapidement devenu un ouragan de catégorie 1 samedi. Ce qui marque les scientifiques, c'est sa zone de formation : bien plus à l'Est dans l'Atlantique qu'habituellement à cette période de l'année, car les températures de l'océan y sont anormalement élevées.
Un tel phénomène ne s'était jamais produit aussi à l'Est aussi tôt dans l'année. Et ce n'est pas tout : Béryl est passé de la catégorie 1 à la catégorie 4 en moins d'une journée ! Une vitesse d'intensification "incroyable", mais "conforme" à ce que nous promet le réchauffement climatique, selon les scientifiques.
Il est désormais deux fois plus probable qu'il y a 50 ans qu'une tempête tropicale de faible intensité devienne un ouragan majeur (de catégorie 3 ou plus) en moins de 24 heures : nous avons changé de dimension !
Béryl a battu tous les records : il est devenu un ouragan de catégorie 4 le dimanche 30 juin, or jamais un ouragan de cette force n'avait auparavant été observé en juin. Enfin, en atteignant lundi la catégorie 5 (maximale), Béryl a laissé les scientifiques bouche-bée : c'est désormais l'ouragan de catégorie 5 le plus précoce jamais observé dans la saison cyclonique (avec 15 jours d'avance).
Vers une saison extraordinaire ?
Comment expliquer un tel phénomène ? Le responsable, c'est la température de l'océan Atlantique, véritable carburant pour les cyclones tropicaux, actuellement anormalement chaude pour la saison à cause du réchauffement climatique (1 à 3°C au-dessus des normales), battant d'ailleurs tous les records depuis plus d'un an. Une telle chaleur marine permet à la tempête de démarrer et de se renforcer.
Habituellement, les premiers ouragans majeurs (de catégorie 3 ou plus) se forment plutôt à partir de fin août ou début septembre, lorsque la température de l'océan atteint son maximum. Or, cette année, les températures de l'Atlantique en mai atteignaient déjà celles attendues normalement en août... Autant dire que cette saison 2024 des cyclones s'annonce sans doute extraordinaire.
Et les scientifiques ne sont d'ailleurs pas surpris, puisqu'ils avaient déjà prévu une saison cyclonique exceptionnelle dans l'Atlantique Nord : jusqu'à 25 tempêtes tropicales (contre 17 en moyenne), 13 ouragans (contre 7) et 7 ouragans majeurs (contre 3 lors d'une saison normale). Béryl, qui se dirige désormais vers le Mexique, va donc certainement faire des petits dans les prochaines semaines...
Référence de l'article :
En quoi l'ouragan "Béryl" est-il exceptionnel ? - Le Devoir