Alimentation : nos assiettes contiennent-elles vraiment du pétrole ? Avec quels risques pour notre santé ?
Vers un nouveau scandale sanitaire ? Un député français hausse le ton et souhaite taxer les producteurs et vendeurs d'un hydrocarbure dont les résidus peuvent se retrouver dans notre alimentation. De quoi s'agit-il exactement ?
Tout a commencé par une enquête de nos confrères de Libération, publiée jeudi 24 octobre, qui a révélé la présence dans nos assiettes, et donc dans nos estomacs, d'un hydrocarbure caché, l'hexane. Le lendemain, le député MoDem du Loiret, Richard Ramos, a déposé un amendement à l'Assemblée nationale pour taxer les producteurs et vendeurs d'hexane. Mange-t-on vraiment du pétrole ?
Un liquide incolore autorisé par l'UE
L'hexane, c'est un liquide incolore provenant de la distillation du pétrole ou du gaz naturel. Ce solvant est utilisé dans l'industrie agroalimentaire lors de la fabrication de l'huile, de la margarine, du beurre de cacao, du lait pour enfants, des produits protéinés au soja ou encore des aliments à base de céréales pour les jeunes enfants.
Ce produit, considéré comme un "auxiliaire technologique", a été autorisé par l'Union européenne en 2009 dans la directive sur les solvants alimentaires : il n'est toutefois pas considéré comme un ingrédient et les industriels sont ne pas tenus de l'inscrire, lorsqu'ils l'utilisent, sur les étiquettes. Or, on le retrouve sous forme de résidus dans nos aliments et au final dans notre appareil digestif...
Le branle-bas de combat devient donc sanitaire et politique : le député Ramos demande au gouvernement de "prendre ses responsabilités" dans le budget de la sécurité sociale pour 2025. L'agence sanitaire ANSES, elle, confirme que l'utilisation de l'hexane peut conduire à une "présence non intentionnelle, mais techniquement inévitable" de résidus d'hexane dans nos plats.
Une toxicité encore en question
Pour autant, l'Union européenne a tout de même imposé une limite pour ces résidus présents dans nos aliments : 1mg par kg par exemple pour les huiles. Mais la toxicité de l'hexane n'a pas encore fait l'objet d'études poussées. Certains chercheurs évoquent la survenue de troubles pour la fertilité en cas d'ingestion répétée d'hexane.
L'INRS, lui, évoque un "risque présumé d'effets graves pour les organes", soit après une exposition prolongée, soit après des expositions répétées. À la lecture de ces risques, l'Autorité européenne de sécurité des aliments appelle désormais à une "réévaluation de la sécurité de l'hexane". Une prise de conscience bien tardive...
Une molécule issue de la dégradation de l'hexane a déjà été retrouvée dans l'urine humaine : c'est pour cela que le député Richard Ramos demande au gouvernement de mettre en place une étude pour mesurer la contamination de la population française. Après l'amiante, la dioxine, la vache folle, le fipronil, la viande de cheval et les pesticides, maintenant l'hexane ?
Références de l'article :
Ce qu'est l'hexane, cet "hydrocarbure caché dans nos assiettes" que veut taxer le député Richard Ramos - HuffPost
Du pétrole dans nos assiettes ? Nos révélations sur un solvant invisible utilisé depuis des décennies qui inquiète les experts - Libération