Alerte : un premier cas de fièvre de Lassa détecté en France ! Faut-il s'inquiéter de cette maladie mortelle ?
Faut-il craindre une épidémie de fièvre de Lassa ? Cette maladie originaire d'Afrique de l'Ouest a été détectée pour la première fois chez un patient français en région parisienne. Quels sont les risques ? Peut-on en guérir ?
Le 2 mai dernier, un malade atteint de la fièvre de Lassa, militaire de retour de l'étranger, a été admis à l'hôpital Bégin à Saint-Mandé (Val-de-Marne), en région parisienne. Il s'agit du premier cas répertorié en France pour cette maladie mortelle et endémique en Afrique de l'Ouest. Peut-on en guérir ? Y a-t-il un risque d'épidémie en Europe ? Séquence explications.
Enquête en cours pour identifier les cas contacts
Selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé), la fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique, c'est-à-dire qu'elle peut entraîner la mort en raison des saignements. Identifiée pour la première fois à Lassa, au Nigéria, en 1969 (d'où son nom), elle est désormais endémique en Afrique de l'Ouest où l'on recense 100.000 à 300.000 infections chaque année.
Cette maladie est rarissime dans l'hémisphère Nord, on ne recense en moyenne en Europe qu'un cas tous les deux ans. En France, une enquête a été lancée pour identifier les cas contacts du patient malade (dont l'état est désormais stabilisé) pour les prévenir et les surveiller : ceux-ci seront traités au plus vite en cas d'apparition de symptômes, pour éviter tout risque d'épidémie.
Difficulté supplémentaire : la fièvre de Lassa est très difficile à diagnostiquer car les individus contaminés n'ont aucun symptôme jusqu'à ce que la maladie se déclare. Après l'infection, ce n'est qu'une à trois semaines plus tard que de premiers symptômes se déclenchent, dans 20% des cas : fièvre, vomissements, nausées, maux de ventre et de tête, fatigue, douleurs musculaires et articulaires.
5.000 à 6.000 morts par an, et pas de vaccin...
Ensuite, en cas d'infection plus sévère, certains malades peuvent souffrir d'œdèmes, d'hémorragies, d'inflammation du cerveau (encéphalite) ou d'épanchements de sang dans le cœur et la cage thoracique. 5.000 à 6.000 morts sont recensés chaque année : les femmes enceintes sont particulièrement à risque, puisqu'elles ont peu de chances de survie et que le fœtus décède à 100%.
Pour les patients ayant la chance de survivre (15% de mortalité pour les formes sévères), les symptômes s'estompent généralement après une à quatre semaines. La transmission de la maladie s'effectue par contact sanguin ou salivaire, mais pas par voie aérienne, ce qui minimise le risque d'épidémie, fort heureusement.
La fièvre de Lassa est transmise par le rat du Natal, via ses excréments. Cet animal vit proche des humains en Afrique de l'Ouest, dans les fondations des habitations, ce qui facilite la transmission.
Pour le moment, aucun vaccin n'est disponible, malgré des essais encourageants menés par l'Institut Pasteur depuis 2019. Pour le moment, c'est un médicament antiviral qui est utilisé pour traiter cette maladie : la ribavirine, molécule utilisée aussi pour traiter l'hépatite C.
Le problème, c'est que la ribavirine est souvent administrée sans savoir s'il s'agit vraiment de la fièvre de Lassa, puisque les symptômes ressemblent à ceux d'autres maladies comme le paludisme ou la dysenterie. Et quand il s'agit bien de la fièvre de Lassa, le médicament est souvent administré trop tard : pour une efficacité maximale, une prise quelques jours après l'infection serait nécessaire.