Alerte : la France n'a jamais reçu autant de précipitations en 15 jours !
La France connaît une période perturbée exceptionnelle depuis la mi-octobre avec une succession de perturbations actives apportant d'abondantes précipitations. La sécheresse a de fait laissé place aux inondations même si la situation reste contrastée en fonction des régions.
Après une fin d'été et un début d'automne sous le signe de la chaleur tardive et de la sécheresse, la tendance s'est nettement inversée depuis la mi-octobre. Si bien que la France n'a jamais reçu autant de précipitations en l'espace de 15 jours depuis le début des relevés météorologiques.
Des pluies particulièrement abondantes !
Les perturbations se succèdent à un rythme effréné depuis les environs de la mi-octobre, la faute à une absence de l'anticyclone et surtout un flux océanique dynamique apportant son lot de dépressions plus ou moins actives et même de tempêtes. En conséquence, les précipitations sont particulièrement abondantes à l'échelle de la France depuis le début de cette période perturbée et un record de quantité de pluie a même pu être enregistré.
En effet, entre me 19 octobre et le 2 novembre 2023, la France a reçu une quantité moyenne de 138 millimètres de pluie, un record depuis le début des moyennes météorologiques de ce type en 1958. Cette valeur bat en effet le précédent record de 130mm sur 15 jours datant de la période du 21 septembre au 5 octobre 1993.
C'est notamment du Centre-Ouest aux Alpes que les précipitations ont été les plus abondantes ces dernières semaines avec par exemple plus de 300mm relevés du côté de la Vendée depuis la mi-octobre, soit plus de 3 fois la normale ! Depuis le début du mois de novembre, c'est notamment sur l'extrême Nord, le Sud-Ouest et le Nord des Alpes que les pluies ont été les plus importantes avec des cumuls dépassant 150mm sur ces secteurs.
En montagne, la neige est également plus abondante que la normale pour cette période de l'année au-dessus de 2500m d'altitude. On relève par exemple entre 60cm et 1m de neige sur le Nord des Alpes en ce début de semaine, un enneigement conséquent pour un début novembre à cette altitude.
Ces précipitations abondantes ont entraîné des inondations parfois importantes ces derniers jours, notamment sur le Sud-Ouest et l'extrême Nord du pays. Le Pas-de-Calais fut le département le plus touché avec des crues majeures de plusieurs cours d'eau du département, toujours en cours aujourd'hui.
La situation n'est d'ailleurs pas prête de s'arranger sur ces secteurs car le défilé de perturbations est bien prévu de continuer au moins jusqu'à la mi-novembre. Certaines modélisations entrevoient même une persistance des conditions humides sur la majorité du pays (excepté près de la Méditerranée) jusqu'à la fin du mois, laissant craindre de nouvelles inondations possiblement plus étendues.
Une amélioration de la sécheresse ?
L'avantage d'un temps aussi perturbé est une amélioration relativement rapide de la situation de sécheresse à l'échelle de la France, au moins en surface. En effet, la sécheresse des sols superficiels a désormais quasiment disparu sur notre pays, même si certains secteurs du Roussillon conservent des sols encore bien secs pour la période.
Toutefois, la situation est encore hétérogène en profondeur. Si certaines nappes phréatiques se retrouvent saturées suite aux pluies successives, notamment sur la façade Atlantique, la Bretagne, une partie du Nord et du Nord-Est, les niveaux des nappes restent encore bas de la région parisienne à la Méditerrané en passant par le Centre et une partie du Centre-Est. Sur ces secteurs, des restrictions d'usage de l'eau sont d'ailleurs toujours d'actualité en ce début novembre et ce même avec le retour du temps perturbé.
C'est notamment dans le Sud-Est que la situation est la plus problématique. La région est en effet restée à l'écart des perturbations les plus actives depuis plusieurs mois et certains secteurs du Roussillon et de l'Ouest de la région PACA ont reçu moins de 250mm depuis le 1er janvier, un cumul particulièrement déficitaire.
Les nappes phréatiques du Roussillon sont tellement à sec que les experts estiment qu'il faudra plusieurs dizaines d'années pour que celles-ci atteignent de nouveau un niveau satisfaisant, le déficit s'accumulant sur ces secteurs depuis maintenant plusieurs années. On a par exemple relevé seulement 529mm de précipitations depuis le 1er janvier 2022 à Perpignan (66) alors que la moyenne annuelle (période 1991-2020) est de 578,3mm, il manque donc plus d'un an de pluies sur ce secteur !
Sur le reste du pays la situation s'améliore toutefois, globalement assez lentement mais sûrement. Toutefois, le niveau était si bas avant le début de cette période exceptionnellement perturbée qu'il faudra un automne et un hiver bien très humides pour que le risque de sécheresse soit amoindri l'année prochaine durant la période estivale.