Alerte : la "fleur de Dieu", orchidée de Taïwan, bientôt éradiquée par le changement climatique ?
La "fleur de Dieu" va-t-elle disparaître ? Cette fleur au nom un peu pompeux est en fait une orchidée considérée comme sacrée par le peuple Tsou, un peuple aborigène de l'île de Taïwan. Utilisée lors de cérémonies traditionnelles, elle est pourtant menacée par le changement climatique. Séquence explications.
Sur le toit de la "Kuba"
Cette fleur, l'orchidée Dendrobium, est la "porte d'entrée vers les dieux", selon les membres de la tribu Tsou, qui expliquent que sans elle, Dieu ne peut pas les trouver. Une fleur sacrée reconnaissable à sa couleur jaune et aux tiges vertes brillantes, sur lesquelles elle pousse.
Lors des cérémonies traditionnelles, elle est placée sur le toit de la "Kuba", une salle au toit de chaume qui représente le centre spirituel du village. Les feuilles de cette "fleur de Dieu", qui symbolise aussi l'habitat du dieu de la guerre, sont épinglées sur les chapeaux de cuir des hommes, pour qu'ils soient identifiés par les dieux comme appartenant au peuple Tsou.
La tradition est de cueillir la fleur dans la nature avant le lever du soleil, juste avant les cérémonies sacrées. Pour que cette orchidée pousse, c'est-à-dire pour que des bourgeons se forment et fleurissent au printemps, la température ne doit pas dépasser les 12°C en hiver. En général, on considère que cette condition se vérifie à des altitudes comprises entre 800 et 1800 mètres, dans un climat tempéré chaud.
Un réchauffement de 2°C fatal
Selon nos confrères de la BBC, cette orchidée se trouvait autrefois en abondance à l'extérieur des maisons de la tribu Tsou, alors que désormais, on ne la retrouve plus que dans les profondeurs des forêts du cœur de l'île, parfois en haut des arbres. A Alishan, les températures minimales augmentent chaque année en automne et en hiver : le réchauffement climatique est donc pointé du doigt dans la disparition progressive de cette fleur sacrée.
Et ce n'est pas tout à fait terminé, puisque l'ONG Greenpeace estime que la température moyenne de la station d'Alishan, passera de 12-14°C à 14-16°C d'ici 2050. Plus globalement, Taïwan connaît un climat plus sec, plus chaud, et les typhons touchant terre sont de plus en plus rares, ce qui prive les écosystèmes de l'île d'une "source d'eau vitale", notamment pour le bambou, culture traditionnelle du peuple Tsou.
Les Tsou, 6.000 individus au total sur une population de 23 millions d'habitants, font désormais l'objet, comme les 15 autres tribus indigènes officiellement reconnues à Taïwan, de tractations politiques, à l'approche de l'élection présidentielle. Des rencontres sont prévues avec les candidats, mais ils n'évoqueront pas les conséquences du changement climatique sur les modes de vie traditionnels : "des escargots du climat", selon Greenpeace...