Alerte : dans le Nord, impossible de planter les pommes de terre ! Pourquoi ?
Que se passe-t-il dans certains territoires des Hauts-de-France ? Beaucoup d'agriculteurs sont empêchés de planter leurs pommes de terre et certains semis. La raison ? Des sols gorgés d'eau, après les pluies excédentaires des dernières semaines...
Aurons-nous encore des pommes de terre à l'été et à l'automne prochains ? Peut-être avec difficulté, ou en moindre quantité, ou plus petites, en tout cas pour celles des Hauts-de-France... Les agriculteurs s'alarment des conditions météo des dernières semaines : avec l'excédent de pluie tombé, les sols sont parfois gorgés d'eau, ce qui les empêche de planter les patates ! D'autres cultures sont aussi concernées, avec la clé une menace sur les rendements...
La boue dans les champs, et déjà des germes !
Depuis le mois de mars, la pluviométrie est excédentaire dans les Hauts-de-France. Sur cette première quinzaine de mai, il est déjà tombé autant de pluie qu'en un mois normal, après un mois d'avril légèrement plus pluvieux que la normale, et un mois de mars deux fois plus humide que d'habitude. Résultat : alors que le Sud du pays subit encore la sécheresse agricole, les sols sont gorgés d'eau dans le Nord, et certains agriculteurs, notamment dans les Flandres, sont très inquiets.
Dans beaucoup d'exploitations agricoles, il est devenu impossible de planter les pommes de terre, étendard de la culture locale. Dans les champs qui débordent, à cause du trop plein d'eau, la terre s'est transformée en boue, et les tracteurs n'arrivent plus à manœuvrer sans risque pour les parcelles, comme c'est le cas à Bourbourg, entre Calais et Dunkerque. Idéalement, la plantation des patates nécessite un sol ni trop sec, ni trop humide, un juste milieu pour pouvoir insérer le plant à 20 cm de profondeur sous la terre.
Actuellement, la boue risque de faire pourrir les patates, mais alors que des tonnes de plants sont stockées dans des sacs, certains germent : pour ne pas perdre de temps, des agriculteurs ont déjà commencé à les planter, au risque de tout perdre en fonction de la météo ! La certitude, c'est que s'ils attendent pour planter, les agriculteurs des Hauts-de-France perdront environ 30% de leur rendement cette année : plus la plantation est tardive, plus la récolte le sera, et plus il sera difficile de conserver les pommes de terre à l'approche de l'hiver. Au niveau européen, le cours de la patate a par ailleurs déjà grimpé, ce qui laisse craindre une hausse des prix...
Lin, maïs et betterave menacés aussi...
Outre la pomme de terre, dans certains territoires des Hauts-de-France, d'autres cultures sont aussi touchées par des retards de semis ou de plantation. C'est le cas par exemple pour le maïs, la betterave ou le lin, avec des retards de six semaines dans l'Avesnois ou dans les Flandres. 30% des surfaces dédiées aux betteraves sont encore vierges de toute plantation. Toutefois, ces excès de pluie sont assez hétérogènes dans la région, et la situation reste supportable à d'autres endroits, comme par exemple autour d'Amiens, où les tracteurs peuvent circuler dans les champs. Ailleurs en France, certains champs sont également noyés, comme vous le montrent ces images tournées dans le Loir-et-Cher.
En termes de rendement, l'impact sera sans doute moins fort que pour les pommes de terre, mais la FDSEA du Nord estime malgré tout une perte de 10% par rapport à 2022 pour le lin, le maïs et la betterave. Des conséquences qui pourraient encore s'aggraver en cas de poursuite de l'excédent de pluie ou en cas d'été trop chaud et sec. Par ailleurs, un été très sec et très chaud, malgré des sols détrempés, pourrait provoquer la prise d'arrêtés de restrictions d'eau, comme les nappes phréatiques sont toujours trop peu remplies (la période de recharge entre octobre et mars ayant été insuffisamment abondante). Les agriculteurs du Nord vont donc redoubler de vigilance dans les prochaines semaines...