Alerte aux microbilles de plastique sur les plages : l'Etat porte plainte
Des petits pellets de plastique s'échouent depuis le mois de décembre sur le littoral occidental de la France, polluant intensivement les plages de l'Atlantique. Difficile à nettoyer et toxique, cette pollution a certainement pour origine un rejet de conteneurs. L'Etat a porté plainte contre X.
Ce sont des images désastreuses... De Pornic aux Sables-d'Olonne, certaines très belles plages du littoral atlantique, de la Bretagne à la Loire-Atlantique, sont depuis le mois de décembre dernier souillées et polluées par des microbilles de plastiques (ou pellets).
Après de premières actions intentées par les maires concernés, c'est désormais l'Etat français qui a porté plainte contre X, a annoncé le ministère de la Transition écologique. Quelles sont les causes et les conséquences de ce "cauchemar environnemental", comme le caractérise Christophe Béchu ?
"Une pollution qui se déplace"
Tout a commencé dans la baie d'Audierne, dans le Finistère, début décembre. Depuis, trois épisodes de pollution ont été recensées, jusqu'au littoral de la Loire-Atlantique. "C'est une pollution qui se déplace", a expliqué à l'AFP le porte-parole de l'ONG Surfrider Foundation Europe, favorisée par les vents apportés notamment par la tempête Gérard.
Celles qu'on appelle aussi "larmes de sirène" ont déjà été repérées dans d'autres endroits du monde, notamment en mer baltique, mais ce qui frappe cette fois, c'est leur nombre hallucinant : des milliers, notamment à Pornic. "On ne peut pas tamiser le sable parce qu'il y en a sur toutes les plages, dans toutes les criques et sur tout le littoral entre les rochers", a récemment expliqué le maire de la ville. Quant aux filets nettoyant les plages, leur maille est malheureusement trop grosse pour les accrocher...
Collecter ces microbilles de plastiques (appelées aussi pellets ou GPI, pour granulés plastiques industriels) est une plaie : il faut en effet s'aider d'un tamis pour les dissocier du sable. Les billes ne mesurent qu'un ou deux millimètres de diamètre et sont blanches ou translucides, et par ailleurs non recyclables. Fort heureusement, les citoyens se mobilisent, comme à Tréguennec, où ils ont ramassé 12 litres de microbilles en un peu plus d'une heure, soit 60.000 granulés. Un véritable "cauchemar environnemental", selon le ministère de la Transition écologique Christophe Béchu, qui a donc déposé plainte contre X au nom de l'Etat français.
L'ombre des conteneurs et des dégâts considérables
Christelle Morançais, la présidente de la région Pays de la Loire, montre du doigt les "entreprises délinquantes" : il faut en effet savoir que ces microbilles servent à la confection de quasiment tous les produits fabriqués à partir de plastique, et qu'elles sont essentiellement transportées par voie maritime. L'ONG Surfrider Foundation explique qu'un conteneur, transportant ces pellets, s'est sans doute abîmé dans l'océan il y a quelque temps, avant de s'ouvrir avec les tempêtes récentes. Certains pointent également la responsabilité d'un site industriel situé dans l'estuaire de la Loire, qui aurait pu subir une fuite.
Ces microbilles sont des dangers considérables pour notre environnement. Les animaux marins peuvent les confondre avec de la nourriture et les ingérer, avec des conséquences fatales. Par ailleurs, certaines billes peuvent se retrouver dans les moules ou les huîtres, tout en se fragmentant : on les retrouve alors dans nos organismes. Enfin, une grande quantité de ces pellets restent parfois des années sur les plages, perturbant les écosystèmes de manière irréversible, comme la ponte des tortues.
En attendant d'éventuelles mesures de prévention, déplorons que ce phénomène ne soit malheureusement pas nouveau : les plages françaises, espagnols, belges ou mêmes néerlandaises sont régulièrement envahies par ces microbilles de plastique. Chaque année, ce sont 160.000 tonnes de ces pellets qui seraient perdues dans la nature en Europe, soit l'équivalent de 40 milliards de bouteilles en plastique, ou l'équivalent du poids de 16 tours Eiffel, d'après un rapport de la Commission européenne.