Agriculture : des semaines délicates à venir à cause du gel tardif ?
Après 2017, 2019 et 2021, les agriculteurs s’apprêtent de nouveau à serrer les dents au cours des prochaines semaines, avec la crainte d’un gel tardif au cours du printemps. Après une fin d’hiver douce, les dégâts pourraient alors être importants sur une végétation et des cultures toujours plus en avance.
Ces dernières années, deux inquiétudes ont pris l’habitude d’apparaître à l’approche du printemps : la sécheresse et les gelées tardives. Pour le premier point que nous avons longuement évoqué dans des articles précédents, les prochaines semaines seront déterminantes. Les pluies du week-end seront d’ailleurs bienfaitrices même si elles tomberont en (trop) grande quantité à proximité des Cévennes. Quant au risque de gel tardif, les agriculteurs craignent le retour de températures négatives en avril voire début mai en plaine, pouvant alors faire d’importants dégâts sur les cultures.
Des pertes allant jusqu’à 100 % l’année dernière
Et si cette crainte est déjà d’actualité, c’est non seulement parce que les premiers bourgeons ont déjà fait leur apparition sur certains fruitiers, mais aussi parce que les années précédentes se sont montrées particulièrement difficiles, en particulier 2017, 2021 et dans une moindre mesure 2019. L’année dernière justement, quelques jours après une période de douceur exceptionnelle à la fin du mois de mars, des gelées parfois marquées ont fait leur retour entre le 6 et le 8 avril avec de nombreux records de froid battus : les valeurs minimales se sont alors abaissées entre -3 et -6°C et localement jusqu’à -8°C.
Si des gelées ne sont pas anormales à cette période de l'année, les températures hors-norme de la semaine passée avaient accéléré le processus de réveil de la nature. Les arbres fruitiers comme la vigne ont ainsi connu d’importants dégâts avec des parcelles parfois détruites à 100 % dans le Grand Est, en vallée du Rhône, en Méditerranée ou le vignoble nantais.
Même constat deux ans plut tôt, bien que le gel ait été moins étendu et moins intense, touchant particulièrement les vignobles du sud-ouest. En 2017, c’est à la toute fin du mois d’avril que sont apparues les températures négatives, détruisant en moyenne 70 % des récoltes de la Nouvelle-Aquitaine jusqu’au Grand Est. Une catastrophe pour l’agriculture, au même titre que la situation de l’année dernière.
De la douceur en mars mais quid du mois d’avril ?
Quant à cette année, le risque est pour l’heure assez faible. D’abord, parce que la nature est un peu moins avance qu’au cours des printemps précédents, la douceur ayant été moins durable et surtout moins exceptionnelle en février. De plus, le flux de sud à sud-ouest actuellement en place devrait persister ces 10 prochains jours dans un contexte météo perturbé. La fin du mois de mars devrait rester douce mais avec un temps progressivement plus sec. Ce qui ne fera pas les affaires des agriculteurs puisque la grande douceur, et notamment celle attendue la semaine prochaine, accélèrera le développement des bourgeons.
Quid du mois d’avril ? La situation sera à suivre de près, une nouvelle fois, car les hautes pressions s’annoncent prédominantes. Ainsi, un temps calme dominera avec une certaine douceur en cours de journée mais gare à la fraîcheur présente au petit matin. Car, à cette période de l’année, un ciel nocturne dégagé, un vent faible et des nuits assez longues favorisent encore la baisse des températures et des gelées peuvent alors se manifester. Et c’est ce qu’il pourrait se passer le mois prochain…