À quoi va servir l'inventaire sonore dans plus de 200 sites forestiers en France ? Que peuvent révéler ces bruits ?

Des magnétophones dans nos forêts françaises ! Que peuvent nous apprendre les cris de la faune et les bruits de la nature sur la biodiversité forestière ? Deux projets de recherche vont bientôt répondre à cette question.

Forêt France prétexte
L'un des projets de recherche prévoit notamment d'installer un enregistreur par forêt, dans 103 sites forestiers protégés, notamment dans des parcs nationaux, zones Natura 2000 ou réserves biologiques.

D'ici 2026, plus de 200 forêts de France métropolitaine vont accueillir des magnétophones : deux projets de recherche vont effectuer des enregistrements des bruits de la nature, des cris de la faune, pour nous en apprendre davantage sur la biodiversité forestière. Pourquoi ce développement soudain de l'éco-acoustique ? Avec quels enjeux ?

Une minute tous les quarts d'heure, un jour sur deux

Deux projets de recherche sont en train de se développer en forêt : le programme Sonosylva, porté par l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), l'autre relevant du volet "monitoring" du programme de recherche PEPR Forestt. L'enjeu est par exemple de suivre la pollution sonore ou encore les populations d'oiseaux et de chauves-souris.

À travers ces enregistrements, qui permettent d'ailleurs une observation non intrusive, sans perturber le milieu, les chercheurs pourront déterminer si les sons produits par les activités humaines entraînent des modifications comportementales chez les animaux, ou encore si l'évolution de la météo et du climat a des impacts sur les sons émis par les écosystèmes.

Dans les micros seront par exemple captés des sons émis pour trouver un partenaire sexuel, pour se défendre, ou même l'absence de son pour se cacher et se protéger d'un prédateur. Le premier projet, Sonosylva, se déroulera dans 103 forêts protégées, avec un enregistreur par forêt, généralement dans des sites situés dans des parcs naturels, zones Natura 2000 ou réserves biologiques.

Chaque magnétophone enregistrera l'environnement sonore pendant une minute toutes les quinze minutes, le tout un jour sur deux. Cette opération sera menée jusqu'en 2026, pour un budget de 520.000 euros. Outre les sons des animaux, il s'agira aussi de capter le son du vent dans les arbres, le ruissellement de la pluie mais aussi le bruit des avions et des voitures.

Des sons… aux ultrasons !

Avec cette banque de sons, les chercheurs pourraient créer un indice éco-acoustique, évaluant la complexité sonore de chaque type de forêt (de plaine, méditerranéenne, etc.) et aboutissant à un véritable référentiel national de la forêt française.

Concernant le deuxième projet de recherche, le programme Forestt, celui-ci se déroule dans 102 forêts gérées, le tout jusqu'en 2030, pour un budget de 700.000 euros. Alors que Sonosylva capte seulement les sons audibles, ce projet y ajoute les ultrasons, pour pouvoir cartographier la présence des chauves-souris et de certaines sauterelles.

Les chercheurs imaginent même que pour certaines espèces, il serait possible de suivre les individus en les identifiant automatiquement grâce à leur timbre de voix ! Une révolution pouvant aussi s'appuyer sur l'intelligence artificielle, qui permettra de trier les données obtenues, pour le moment envoyées aux chercheurs par la poste par les capteurs de sons.

Référence de l'article :

Forestopic. Ouvrez vos oreilles, les chercheurs écoutent les forêts.