Les effets dévastateurs d'un réchauffement climatique de 4 degrés en France
"Se préparer à une France avec +4 degrés" de réchauffement en 2100, ce sont les propos chocs tenus par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. Une situation qui bouleverserait de nombreux secteurs d'activités : montagne, tourisme, santé, alimentation... Avec des pics probables à 50 degrés...
Alors que le réchauffement climatique en France atteint déjà à l'heure actuelle +1,7 degré par rapport au début du 20e siècle, le ministre de la Transition écologique Christophe s'est montré très alarmiste le 24 février dernier chez nos confrères d'Europe 1. Selon lui, le pays doit s'adapter à un scénario de réchauffement à +4 degrés, très loin de l'Accord de Paris, et ainsi "sortir du déni"... Avec quelles conséquences concrètes sur nos vies ?
La chaleur, encore et toujours, et des pics à 50°C ?
Christophe Béchu se base sur le rapport rendu en décembre par l'Inspection générale de l'Environnement et du développement durable (Igedd), selon lequel s'adapter au risque d'un réchauffement de 4 degrés en 2100 est "indispensable". D'ailleurs, selon les modélisations du rapport, ce scénario aboutirait d'abord à un réchauffement de 2,4°C d'ici le milieu du siècle, en 2050, par rapport aux températures relevées entre 1900 et 1930 (contre +1,7°C aujourd'hui).
Evidemment, il va sans dire que dans ce cas, l'objectif du réchauffement à +2 degrés prévu par l'Accord de Paris irait directement aux oubliettes... Et les conséquences d'un réchauffement à +4 degrés seraient dramatiques : l'ancien vice-président du GIEC, Jean Jouzel, a anticipé auprès de nos confrères de BFMTV des "pics de chaleur encore plus fréquents et intenses" dans ce scénario, avec des températures dépassant les 45°C voire frôlant les 50°C d'ici la fin du siècle. Des chiffres qui viennent s'ajouter aux données publiées par Météo France en 2020, qui modélisait une fréquence des vagues de chaleur doublée en 2100 avec un tel réchauffement...
Concrètement, avec une telle chaleur, les canicules pourraient devenir quasi-permanentes en été en France et les sécheresses beaucoup plus longues. Avec le double impact chaleur-sécheresse, le débit des rivières et des fleuves serait amené à baisser de 20, voire 30% dès 2050, d'après Jean Jouzel. Les conséquences seraient aussi visibles en saison froide, avec une quasi-disparition de la neige en moyenne montagne et des gelées de plus en plus rares en plaine, notamment dans les zones urbaines.
La société et tous les secteurs d'activités chamboulés
C'est tout le paysage métropolitain qui se verrait chamboulé par un réchauffement de +4 degrés en 2100 : les Alpes et les Pyrénées ne ressembleraient plus vraiment aux montagnes de notre enfance, le niveau de la mer s'élèverait d'au moins 50 cm, et la végétation présente actuellement dans les régions méditerranéennes remonterait vers le Nord, explique Jean Jouzel. Et encore, il s'agit le plus souvent de perspectives optimistes, mais pas forcément farfelues, car elles se rapprochent du scénario publié par le CNRS, qui estime le réchauffement climatique en France en 2100 à +3,8°C si les tendances actuelles d'émissions de carbone se poursuivent...
Un paysage chamboulé, et une société fortement impactée sur le plan économique, avec de nombreux secteurs touchés : montagne, tourisme, alimentation... Quant à l'impact sanitaire, il sera majeur, compte tenu du fait que la chaleur extrême entraîne une importante surmortalité. Rien qu'avec un réchauffement de 3°C, 90.000 personnes mourront à cause de la chaleur en Europe chaque année en 2100, un chiffre bien évidemment supérieur pour un réchauffement à +4°C. Des estimations qui, évidemment, ne prennent pas en considération d'éventuelles mesures d'adaptation...
Alors comment s'adapter, justement ? Les solutions sont déjà connues, mais peu mises en place, ou trop lentement... Cela passe par la végétalisation des villes, une rénovation énergétique de toutes les passoires thermiques, une amélioration des systèmes d'irrigation pour économiser la ressource en eau, ou encore une révolution des transports. L'ambition est là, quant à son application concrète, elle est pour l'instant encore en suspens, alors que 2050 (et +2,4°C de réchauffement), c'est demain !