À quel point le numérique est-il néfaste pour notre environnement ?

L'Agence de la transition écologique s'est penchée sur les conséquences environnementales des data centers et de l'extraction des métaux lourds, et les conclusions sont loin d'être encourageantes.

Numérique
Même si les impacts environnementaux du numérique sont souvent passées sous silence, ceux-ci sont toutefois loin d'être négligeables

De nos jours, le numérique a une place primordiale dans notre vie et dans notre société. Pourtant, son développement exponentiel peut avoir de lourdes conséquences sur notre environnement. Récemment, l'Agence de la transition écologique (Ademe) a publié dans deux rapports les conséquences environnementales potentielles des data centers et de l’extraction des métaux lourds.

Les data centers : une potentielle catastrophe environnementale non réglementée

On y pense peu, mais le numérique a aujourd'hui un réel impact sur notre environnement. Celui-ci émet par exemple autant de gaz à effet de serre dans notre atmosphère que le tri de nos déchets en France, soit 2,5% de l'empreindre carbone annuelle du pays et 10% de sa consommation électrique.

Le secteur des data centers se développe aujourd'hui de manière explosive en France. Notre pays est en effet un des pays européens les plus attractifs dans ce domaine et les prévisions envisagent une augmentation de +11% par an dans la filière des data centers au cours des 10 prochaines années.

Néanmoins, l'arrivée d'un data center sur un territoire n'est pas sans conséquence. Celle-ci a en effet des impacts forts, captant par exemple une grande quantité d'électricité et plus modestement des ressources en eau possibles avec la valorisation de la chaleur fatale selon le rapport de l'Ademe. Or, les perspectives envisagent une augmentation très rapide de la consommation électrique due aux data centers à moyen terme qui pourrait représenter jusqu'à 6% de la consommation d'électricité en France en 2050.

Un problème majeur est que la filière des data centers n'est aucunement réglementée en France aujourd'hui alors que son impact environnemental est loin d'être négligeable. Ceux-ci, outre la surconsommation électrique sur un territoire donné, sont également très énergivores en eau à cause notamment du refroidissement nécessaire pour limiter la surchauffe des serveurs. Si des solutions existent pour limiter leurs impacts, aucune obligation n'est néanmoins d'actualité.

Également, l'emplacement des data centers doit être plus profondément réfléchi en fonction de l'environnement, tant les pressions sur l'énergie et les ressources en eau nécessaires à leur fonctionnement sont importantes. Ceux-ci ne doivent également pas nécessiter la construction de bâtiments sur des zones naturelles ou agricoles. Leur implantation doit en effet s'inscrire dans les objectifs du "Zéro Artificialisation Nette" de division par deux du rythme de consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers en 2031 par rapport à la décennie précédente (2011-2021) en France, puis l'atteinte de l'absence d'artificialisation nette en 2050.

L'extraction des métaux lourds : un problème environnemental majeur dont on parle peu

La fabrication de tous les équipements nécessaires au fonctionnement et à l'évolution du numérique passe par l'extraction de métaux lourds. Ceux-ci sont en effet primordiaux dans la filière du numérique, celle-ci utilisant notamment le gallium, le manganèse, le germanium, le cuivre, l'aluminium, le lithium, l'yttrium ou encore le silicium.

Néanmoins, il est difficile de savoir ce que contiennent exactement les appareils que nous utilisons, les données de composition matière étant le plus souvent lacunaires en raison de leur caractère sensible. Les entreprises du numérique préfèrent en effet garder leur technique de fabrication secrète afin de conserver leurs avantages technologiques et de marché sur leurs principaux concurrents.

Dans tous les cas, les exploitation minières permettant d'extraire ces métaux si précieux pour notre technologie actuelle ont de lourdes conséquences sur l'environnement, détruisant parfois des zones naturelles entières, en plus d'une pollution souvent importante et nuisant gravement à la biodiversité des régions concernées.

Dans l'Allier par exemple, le projet de mine de lithium, la plus grande d'Europe, envisagé pour 2028 est encore sujet à de lourds débats en raison de son impact environnemental potentiellement catastrophique, et ce malgré le fait que celui-ci ait été qualifié d’intérêt national majeur dans le cadre de la transition énergétique.

Enfin, l'Ademe soulève également dans son rapport la quasi-absence de réglementation sur le recyclage des différents métaux utilisés dans le numérique et le fait que les activités d'extraction de minerais soient quasiment toutes localisées en dehors de l'Union européenne. Ceci limite en effet la possibilité d'obtenir de véritables informations sur le sujet, tout comme le fait de pouvoir faire pression pour mettre en place des normes environnementales véritablement efficaces.

L'impact environnemental du numérique, une filière en développement exponentiel depuis maintenant plusieurs dizaines d'années est donc loin d'être négligeable et est même bien plus important qu'on ne le pense. Pourtant, les informations, tout comme les réglementations, normes et études sur le sujet sont encore bien trop peu nombreuses de nos jours, ce qui est loin d'être une bonne nouvelle pour notre planète.


Sources : Futura-sciences/Ademe/EY/Novethic

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