30 degrés en Espagne, 25 en Corse : comment expliquer une telle chaleur record en décembre ?
En début de semaine, le thermomètre s'est affolé en Espagne et dans le Sud de la France, avec des records mensuels de chaleur battus. Jamais il n'avait fait aussi chaud en décembre à Malaga, à Valence, à Cannes, à Béziers... D'où vient cette chaleur, et comment l'expliquer ?
30 degrés en Espagne, en plein mois de décembre, vous lisez bien ! 29,9°C précisément, c'est la température relevée mardi 12 décembre après-midi à Malaga, un record de chaleur pour un mois de décembre, qui explose le précédent de plus de 5 degrés (24,6°C en décembre 1998). Il s'agit aussi d'un nouveau record mensuel de chaleur pour l'Espagne continentale (hors Canaries).
Certaines stations amateurs ont même relevé des valeurs supérieures à 30 degrés... Et ce n'est pas tout ! Lundi après-midi, la ville espagnole de Valence avait déjà battu son record mensuel de chaleur avec 27,7°C. En France aussi, lundi, des records mensuels sont tombés près de la Méditerranée : 25,2° à Oletta, en Corse, 23,8° à Cannes et 21,6°C à Béziers, des valeurs inédites pour un mois de décembre.
Un responsable bien connu, hélas...
Alors que s'est-il passé ? Une fois de plus, une partie du bassin méditerranéen a été soumise à un flux de Sud-Ouest anticyclonique, faisant remonter de l'air saharien jusque sur le Sud de l'Espagne, ce qui a donné là-bas des températures dignes du plein été, 11 degrés (au moins) au-dessus des normales de saison, les températures à 850hPa (environ 1500 m d'altitude) atteignant parfois 16°C !
En France, l'air était un peu moins chaud, le pays étant plus loin de l'advection saharienne, mais le vent d'Ouest, vu la courbure de la dorsale anticyclonique, a agi localement comme une brise de terre, faisant augmenter brutalement les températures près de la Méditerranée. On peut ainsi rajouter à la liste des records mensuels Valbonne (23,6°C), Pietralba (21,9°C) et Pézenas (22,8°C).
Un phénomène qui se produit désormais régulièrement : cet été lors de la canicule de la fin du mois d'août, lors de la canicule inédite de septembre, ou encore lors de l'épisode de chaleur d'octobre. Une récurrence étonnante : à chaque flux de Sud-Ouest ou presque, des records de chaleur tombent. La ville de Cannes a d'ailleurs battu cette année 3 records mensuels de chaleur : 39,2°C en juillet (record absolu), 27,7°C en novembre et donc 23,8°C en décembre.
Le responsable est connu, et c'est l'agence météo espagnole AEMET qui l'affirme : c'est le réchauffement climatique ! Avec un climat non réchauffé, ce type de record serait sans doute beaucoup plus rare. En effet, cet air chaud qui nous vient du Maghreb est déjà excessivement chaud, bien plus qu'à l'accoutumée : 32,9°C relevés lundi après-midi à Essaouira au Maroc, il s'agit là aussi d'un record mensuel de chaleur... Inquiétant.