10 tempêtes ont touché l'Europe de l'Ouest en seulement 5 mois !
Les tempêtes se succèdent à un rythme effréné ces derniers mois sur l'Atlantique Nord, si bien que 10 d'entre elles ont touché le continent européen depuis le début de l'automne, un record pour un mois de janvier.
Une succession impressionnante de tempêtes
Le Royaume-Uni nomme une tempête uniquement lorsque celle-ci représente un potentiel destructeur, comme ce fut le cas très récemment pour les tempêtes Isha et Jocelyn, s'étant succédées durant la dernière décade de ce mois de janvier 2024 en provoquant des dégâts parfois notables du côté de l'Irlande et de l’Écosse.
Ces deux tempêtes successives sont donc les 9 et 10ème dépressions tempétueuses nommées par l'organisme météorologique britannique depuis le début de l'automne. C'est d'ailleurs la seconde fois depuis le début des relevés météorologiques que le nom des tempêtes touchant le Royaume-Uni arrive jusqu'à la lettre J.
Il faut en effet remonter à la « saison des tempêtes » 2015/2016 en Atlantique-Nord pour retrouver un défilé aussi important de tempêtes sur ce secteur. Cette année-là pourtant, la dixième tempête nommée de la saison s'était développée en mars, alors que ce chiffre est déjà atteint au mois de janvier en 2024.
C'est donc la première fois qu'une succession aussi importante de tempêtes est observée sur l'Atlantique-Nord et l'Europe en seulement 5 mois. Ces tempêtes se sont d'ailleurs parfois montrées destructrices et même meurtrières comme ce fut le cas entre la France, le Sud de l'Angleterre et le Benelux lors du passage de la tempête Ciaran en novembre dernier. Celle-ci s'était accompagnée de rafales de vent dépassant les 180/200km/h, engendrant des millions d'euros de dégâts et malheureusement 23 victimes.
Si le calme est temporairement revenu en cette fin janvier sur l'Ouest de l'Europe avec le retour des hautes pressions, la saison des tempêtes hivernales est encore loin d'être terminée et ce nouveau record pourrait donc être encore largement amélioré d'ici le mois de mars prochain.
Comment expliquer ce phénomène ?
En général, les tempêtes touchant notre continent durant la saison froide (automne/hiver) se forment dans l'Atlantique-Nord, entre le large de Terre-Neuve et les abords de l'Islande. Celles-ci s'étendent ensuite vers l'Europe de l'Ouest, touchant ces secteurs avec plus ou moins d'intensité en fonction de l'importance du creux dépressionnaire.
Depuis le début des relevés météorologiques, on observe en moyenne 4,6 tempêtes sur l'Europe de l'Ouest entre l'automne et l'hiver, ce qui veut dire que la saison 2023/2024 est déjà bien plus active que ce que l'on observe habituellement. Plusieurs facteurs météo peuvent toutefois expliquer cette succession exceptionnelle de tempêtes ces derniers mois.
Le Jet Stream, puissant courant d'altitude qui articule les échanges entre les masses d'air chaud et d'air froid et favorisant la formation de dépressions très creuses, se montre particulièrement fort et ondulant ces derniers mois au-dessus de l'Atlantique-Nord. Ceci pourrait expliquer pourquoi les tempêtes sont aussi récurrentes depuis le début de l'automne sur le continent. En comparaison, celui-ci était bien plus faible durant la saison 2022-2023, ce qui avait engendré un nombre limité de tempêtes en Europe.
Le phénomène climatique El Niño semble également favoriser la survenue de tempêtes en Europe durant la saison froide. Or, celui-ci a atteint son pic d'intensité à la fin de l'année 2023 à l'échelle mondiale, ce qui pourrait donc également être un élément expliquant cette succession importantes de dépressions tempétueuses sur le continent. La dernière grande phase El Niño (2015-2016) à l'échelle de la planète avait d'ailleurs été caractérisée par une succession très importantes de tempêtes sur l'Atlantique-Nord comme évoqué précédemment.
Enfin, les températures de la surface de l'Atlantique-Nord pourraient également jouer un rôle non-négligeable dans la survenue de ces tempêtes. Celles-ci atteignent des niveaux records depuis le mois de mars 2023 et il a déjà été démontré qu'un océan plus chaud favorisait le développement de dépression très creuses, et donc de tempêtes.